Premier tome d’une saga de romans fantasy pour la jeunesse, Oscarthur est l’œuvre d’un nouvel auteur francophone, Frédéric Anarratone (pas fait exprès pour la rime).
Sa plume apporte un peu de sang neuf dans un paysage littéraire encore trop encombré par des auteurs anglophones, et nous livre un récit d’héroïc-fantasy dont le déroulement ne surprendra pas les vieux habitués du genre mais ravira les plus jeunes lecteurs :
Oscarthur est, contrairement à ce que je croyais avant d’ouvrir le livre, le nom du continent où se déroule l’histoire et non pas celui du héros, qui s’appelle Phylassio, un jeune apprenti magicien de son état. L’ouverture du roman fait un peu déjà vu : Phylassio est gravement blessé par un carreau destiné à son maître, Magnus. Qu’on se rassure, les aventures s’enchaînent ensuite très rapidement et nous permettant de découvrir avec plaisir des contrées insolites, des personnages charismatiques et un bestiaire fantastique à un rythme proprement hallucinant.
Fort heureusement, ces aventures sont servies par une plume habile qui nous livre un texte fluide et très agréable à lire. La grande qualité de l’écriture et des dialogues est assurément LE point fort de cette nouvelle saga qui rappelle Pug l’Apprenti sur de nombreux points (pur hasard d’après l’auteur). Les situations critiques s’enchaînent de même que les rebondissements, pour le plus grand plaisir des enfants à qui, assurément, ce roman est dédié. L’auteur prend aussi la peine de distiller des mots en peu anciens et des néologismes qui donnent une grande partie de sa saveur au récit. Le scénario m’a un peu gênée car certains éléments m’ont semblé s’enchaîner trop rapidement. Frédéric Anarratone a une très grande imagination qu’il met au service de son récit pour ravir la curiosité et les sens et son roman s’adresse vraiment à un public d’enfants et d’adolescents, aucuns doutes là-dessus. Ou peut-être que les voyages à dos de griffon me donnent le mal de l’air.
Les réactions de Phylassio m’ont aussi parues curieuses face aux dangers qu’il traverse, notamment lorsque l’une de ses amies est capturée par le magicien Mortemer : il se rend immédiatement dans une dangereuse crypte en compagnie d’un voleur qu’il vient juste de rencontrer pour chercher… un bout d’ambre qui lui permettra d’utiliser ses pouvoirs de télépathie ! Pourquoi ne pas chercher à en acheter ailleurs ou un autre moyen (plus simple) ? Peut-être est-ce le propre d’un héros, après tout ?
Les superbes descriptions constituent le second point fort de ce roman : le château des Morchainval, par exemple, est une véritable invitation au rêve (et je me demande vraiment ce qu'il donnerait dans un film), dommage que d’autres éléments soient à dépeints plus sobrement, car on en redemande ! Le griffon des neiges, Numéas, est parfaitement décrit tant physiquement que pour son caractère, tandis que d’autres lieux ou d’autres créatures (la ville de Garnaad, la fée Alycia lors de la première rencontre et le pégase par exemple) le sont à peine. Je le dis (haut et fort), ces descriptions sont belles et parfaitement intégrées, il en faudrait beaucoup plus !
En résumé, voilà un livre qui se dévore comme on se passerait un bon shonen manga : pour l’action, pour le voyage, pour le rêve et pour se détendre. Oscarthur saura, à n’en pas douter, occuper efficacement et intelligemment les enfants sur le long chemin des vacances !
… Et vous aussi, si vous aimez les aventures « shonen » (un peu) et fantastiques (beaucoup).