Jan Oscar Sverre Lucien Henri Guillou, né le 17 janvier 1944 à Södertälje, est l’un des plus célèbres écrivains et journalistes suédois. Parmi ses ouvrages, les plus connus sont ses romans mettant en scène l’espion suédois Carl Hamilton et sa trilogie du templier Arn Magnusson.
Guillou est devenu célèbre pour avoir révélé un scandale lié aux services secrets en 1973 (L’« affaire IB »). Cette révélation lui a valu dix mois d’emprisonnement. Il est aujourd’hui un journaliste indépendant influent, en particulier sur le conflit au Moyen-Orient et diverses questions intérieures. Ses articles, publiés dans le plus important organe de presse suédois, Aftonbladet, critiquent notamment la manière dont les États-Unis mènent leur « guerre contre le terrorisme », l’occupation des territoires palestiniens par Israël, les services secrets suédois et les prétendus « experts » qui sévissent, par exemple, dans les tribunaux.
Erik a 13 ans et toute sa vie, à l’école comme à la maison, se construit dans la violence. Inspiré de sa propre expérience, Jan Guillou dénonce un système éducatif fondé sur la loi du plus fort invitant à une réflexion sur l’inculcation de l’ordre social et la destruction de toute révolte que portent en eux les programmes d’éducation de nos démocraties. Au centre du roman se trouvent l’éducation et l’enfance, la violence et la non-violence, la vengeance et le pardon, mais aussi l’amitié, la fraternité et la solidarité.
Le journaliste et romancier Jan Guillou est né en 1944 à Södertälje, en Suède. Très jeune, il est placé par sa mère dans une institution scolaire particulièrement violente. Expérience dont il tirera un roman autobiographique, La Fabrique de violence (1981 – réédition Agone, 2001).
Devenu journaliste pour payer ses études de droit, il publie un reportage sur cette école. Le scandale est tel que le gouvernement suédois ordonne la fermeture de l’établissement. Quelques années plus tard, en 1973, il enquête sur les activités d’un bureau de renseignement pratiquant le fichage de citoyens suédois au profit de la CIA. Suite à ces révélations, il sera condamné pour espionnage à dix mois de prison.
Jan Guillou est également l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages (traduits en une vingtaine de langues), parmi lesquels une série de romans d’espionnage – Coq rouge – et la trilogie d’Arn le Templier) qui ont connu un immense succès populaire en Suède. Ses romans et ses écrits journalistiques sont marqués par une grande violence et des prises de positions à contre-courant, notamment vis-à-vis de la politique intérieure de son propre pays.
La Fabrique de violence (Prix France Culture 1990) a fait l’objet d’une adaptation cinématographique qui a été nommée pour un Academy Award en 2003 et a été mise en scène au théâtre par Tiina Kaartama.
« Le coup l’atteignit sur le haut de la pommette droite. C’était exactement le but qu’il recherchait en levant la tête de quelques centimètres, en biais, au moment où son père frappait. Lors des repas, celui-ci visait le plus souvent le nez et s’efforçait de l’atteindre avec le revers du bout des doigts, au moyen d’un fouetté du poignet. Un tel coup ne faisait pas vraiment mal, quand il touchait son but. Mais le fait de recevoir ce genre de pichenette sur le nez suscitait en lui un sentiment de rage rentrée. Plutôt la pommette, alors.
Le père était fier de ce coup parce qu’il se croyait capable de le porter avec une rapidité surprenante. Mais Erik, qui connaissait tous les coups et toutes les ruses de son père aussi bien que la table de multiplication, n’avait aucun mal à déceler ce léger tremblement en dessous de son œil droit qui annonçait le déclenchement du geste. À table, il ne pouvait en général s’agir que d’une gifle assenée au moyen d’un swing du droit, qu’il voyait venir longtemps à l’avance, ou bien alors de ce coup sournois sur le bout du nez, venant de l’autre côté et visant plus à humilier qu’à faire mal.
Il n’aurait eu aucun mal à pencher la tête suffisamment en arrière pour que le père manque complètement son coup. Mais il risquait alors de voir ce salaud-là perdre le contrôle de lui-même et se jeter par-dessus la table pour le toucher au moyen d’un crochet du gauche ou d’un direct du droit en pleine face. La vaisselle pouvait en souffrir et, dans le pire des cas, la table tout entière être renversée. C’était alors lui qui devait en porter la responsabilité et cela pouvait prolonger la raclée d’après dîner d’une durée susceptible d’atteindre la demi-heure.
C’est pourquoi il devait s’arranger pour que son père ne manque pas totalement son coup lorsqu’il lui allongeait ce fouetté sournois du poignet. Il fallait beaucoup d’entraînement et de maîtrise de soi pour tourner la tête juste assez pour que le père manque le nez mais atteigne cependant la joue.
— Bon, dit gaiement le père, aujourd’hui ce sera vingt-cinq coups de brosse.
C’était un verdict d’une clémence inhabituelle, presque le minimum. Ces vingt-cinq coups portés avec le dos de la brosse à vêtements ne prendraient guère plus de vingt secondes et après ce serait fini. Il n’aurait donc pas besoin de pleurer ; or, il ne voulait pas pleurer quand le père frappait. Il était possible de s’en empêcher si on réussissait à retenir son souffle. Quand le père choisissait les verges, supplice à la fois plus douloureux et plus lent que la brosse, il était possible de supporter jusqu’à trente coups. Il n’était pas bien difficile de retenir sa respiration pendant trente-cinq secondes de ce régime.
Le pire, c’était le fouet. On avait l’impression que les poumons crevaient dès le premier coup. L’air s’en échappait avec les premières gouttes de sang. On aurait dit un petit trou par lequel l’air sortait tout d’abord avec une légère stridulation et qui s’élargissait ensuite jusqu’aux dimensions de larmes véritables. Dans le pire des cas, ceci survenait dès la moitié du parcours, c’est-à-dire au bout de douze ou treize coups.
Si on se tortillait en pleurant, afin d’éviter les coups, le père s’échauffait, frappait plus fort et perdait le compte. Ou bien alors il s’arrêtait complètement et vous expliquait posément qu’il était dans l’obligation d’ajouter un supplément de dix coups parce qu’on rendait ainsi la raclée plus difficile.
Vingt-cinq coups de brosse n’étaient donc presque rien. Il s’agissait seulement de ne pas trop laisser paraître sa gratitude, car alors il pouvait y avoir du rab. Et puis il fallait naturellement avoir la chance de son côté pendant le reste du repas : ne pas laisser tomber la salière, ne pas tendre le bras à travers la table, ne pas beurrer sa tartine du mauvais côté, ne pas énerver le petit frère, ne pas renverser son verre de lait, ne pas peler ses pommes de terre avec trop peu de minutie, etc. Car alors il y avait aussi du supplément. De même que lorsque le père trouvait un autre motif, n’importe lequel.
— Tu n’as pas honte d’avoir des ongles aussi sales ? À table ! Cinq coups de plus, disait-il.
Trente coups avec la brosse à vêtements, ce n’était presque rien. Il était facile de retenir son souffle pendant trente secondes et de se concentrer sur le fait de ne pas pleurer ni gigoter pendant le même temps. »
Jan Guillou est également auteur de la troligie de Arn le Templier, qui lui a valu le succès et l'adaptation en film.
Source : Wikipédia et le site Atheles